La table à écrire De Louis XV au Petit Trianon





 
Le mardi 12 décembre prochain, la maison de ventes Pescheteau-Badin présentera aux enchères à l’Hôtel Drouot à Paris, avec le concours de l’expert Pierre François Dayot, la table à écrire de Louis XV réalisée par Jean Henri Riesener pour le Petit Trianon en 1771. Estimée 150000 à 200 000 €, cette table fut le témoin privilégié dela dernière partie de la vie du Roi aux côtés de Madame du Barry au Petit Trianon. Avec les transformations du Petit Trianon demandées par Marie Antoinette, ce meuble rejoint le Garde Meublede la Couronne où il sera restauré en 1788 par Guillaume Benneman.

La table à écrire de Louis XVau Petit Trianon
 
Le Petit Trianon est commandé par Louis XV à son premier architecte Ange Jacques Gabriel en 1762. Aucœur des jardins à la française et du «Jardin de plantes», ce pavillon aux lignes épurées est pour le roi et sa suite un lieu d’agrément et de détente, dont la tranquillité contraste avec l’effervescence du Château. C’est là, à l’étage noble, dans la «pièce du café», que notre table à écrire était encastrée dansle lambris, sous une tablette de marbre à hauteur d’appui. Véritable meuble du quotidien, cette table permettait à Louis XV d’écrire un billet ou de ranger des papiers grâce à un mécanisme ingénieux (aujourd’hui manquant). Un tour de clé ainsi qu’une pression d’un bouton permettait d’ouvrir le tiroir et de dévoiler les trois compartiments dissimulés sous la tablette à écrire. Témoin d’une des périodes le plus heureuses du règne de Louis XV dit le Bien Aimé,“ il s’agit d’un des rares meubles que Louis XV a côtoyé très régulièrement, dont il s’est servi, à un moment heureux de son existence. ” s’enthousiasme Pierre-François Dayot,expert.

 



Un des lieux favoris de Louis XV
 
Le Petit Trianon est achevé en 1768, année de la rencontre de Louis XVavec Jeanne du Barry, dont la beauté et l’esprit le séduisent instantanément. Après la mort de son fils le Dauphin, de son épouse Marie Leczinska et de madame de Pompadour, Louis XV trouveavec Jeanne un nouveau bonheur, qu’il abrite au Petit Trianon. C’est là, à l’attique, qu’est logée sa maîtresse. Un petit escalier, dissimulé derrière le lambris de la «pièce du café», où se trouvait notre table, mène à sa chambre: le roi peut ainsi la rejoindre en toute discréation. 




Cette pièce devait être pour leroi comme un petit cabinet de retraite, plus intime que le «Cabinet du Roi» avec lequel elle communique. Pièce derepos et de correspondance privée, elle est le lieu de la vie personnelle du roi. La fenêtre à gauche de la table à écrire, donnant sur le jardin de fleurs, l’un des plus beaux d’Europe alors, le canapé à droite, tout contribue à faire de cette pièce un refuge.

 

Il s'agit d'un des raresmeubles que Louis XV acôtoyé très régulièrement,dont il s'est servi, à un moment heureux de sonexistence. 

Pierre-François Dayot, expert




Riesener et Benneman,deux des plus grands ébénistes de la Couronne

Jean-Henri Riesener (1734-1806) est ébéniste de la Couronne de 1774 à 1785.
Célèbre pour l'excellencede ses meubles et le raffinementde ses marqueteries, il participe à l'achèvement d'un des plus beaux meubles de la Couronne, le bureau à cylindre du Cabinet intérieur de Louis XV, commen cé par l'autre grand ébéniste du règne de Louis XV, Jean François Oeben. Guillaume Benneman(1750-1811) succède à Jean Henri Riesener de 1786 à 1792 et réalise de très nombreuses commandes pour lesdemeures royales. Lorsque Marie Antoinette s'installe au Petit Trianon, la «pièce du café» est remaniée, l'escalier supprimé et le lambris déposé. La table à écrire de LouisXV, n'y ayant plus sa place, est alors envoyée au Garde-Meuble.





En 1788, Marc Antoine Thierry de Ville d'Avray, commissaire général de la Maison du Roi, décide de réemployer notre table pour son usage personnel. 
À l'époque, le coût de la matière première est plus important que celui de la main d'œuvre. Dans un intérêté conomique et selon une pratique habituelle, Guillaume Benneman est donc chargé de la restauration de la table, c'est-à-dire de la remettre en état pour son nouvel usage.“ Le XVIIIe siècle restaure, remploie et transforme. C'est tout à fait l'esprit du XVIIIème siècle " conclut Pierre-François Dayot.



TABLE À ÉCRIRE en marqueterie à décor géométrique de croisillons «satiné gris» en sycomoreteinté, ouvrant à un tiroir à marqueterie d'enfants astronomes, le tiroir coulissant découvrantune tablette à écrire masquant trois compartiments de bois de rose contenant quatre tiroirs debois de rose massif, le plateau à galerie reposant sur des pieds en gaine surmontés de brettés auxangles n° peint à l'encre en dessous: N°2605; (trace d'un mécanisme permettant d'actionner letiroir aujourd'hui manquant). Par Jean-Henri Riesener et Guillaume Benneman (en tant que restaurateur). Estampille de Guillaume Benneman. Époque Louis XV, livrée au château de Trianon en 1771, puis largement restaurée en 1788 sous ladirection du Garde-meuble de la Couronne.
H: 76,5 cm, L: 96 cm, P: 63 cm

Provenance
Livrée pour le roi Louis XV (1710-1774) par Jean Henri Riesener (1734-1806; ébéniste reçumaître en 1768) au château de Trianon en 1771, conservée dans l'hôtel du Garde-Meuble dela Couronne à Paris entre 1776 et 1786, restaurée et livrée par Guillaume Benneman (mort en1811; ébéniste reçu maître en 1785) pour les appartements de madame de Ville d'Avray dansl'hôtel du Garde meuble de la Couronne place de la Concorde en 1788, un antiquaire du quai Voltaire à Paris, vers 1938, ancienne collection de Maurice Aicardi (1919-2007) dans son appartement du Palais Royal à Paris.