800 000€ POUR LES MAJOLIQUES ET FAIENCES PROVENANT DES COLLECTIONS CHOMPRET ET JOURDAN-BARRY

En ce vendredi 13 ce sont les vendeurs qui ont été probablement les plus chanceux. Il régnait dans la salle 4 de l’hôtel Drouot une ambiance plus vue depuis de nombreux mois dans cette enceinte et l’on sentait l’électricité et l’enthousiasme des grandes ventes passées dont le succès tenait surtout par le patronyme prestigieux des gens qui dispersaient leurs collections. 

Les noms de Chompret et Jourdan-Barry confirmaient vendredi l’enthousiasme du marché pour les origines reconnues et le marché de la céramique en général et des faïences en particulier démontrait qu’il fallait toujours compter avec lui ! 

Le produit final dépasse 800 000 euros frais compris en à peine 130 lots sur une estimation basse de 250 000 euros, 94 pour cent des lots étaient adjugés et peu ou pas de professionnels ont pu se porter acquéreur de lot. 

Concernant les pièces en provenance du Docteur Chompret elles furent toutes adjugées multipliant par quatre leurs estimations.
 

Le lot 10, un albarello cylindrique en majolique à décor polychrome de Montelupo daté vers 1500-1510 a été acquis à 53 340 €. Il provenait de l’Ancienne collection du Docteur Chompre et portait au revers, une étiquette portant l’inscription Dr Chompret.
Cet albarello fait partie d’un ensemble de vases de pharmacie dont dix albarelli et une chevrette sont aujourd’hui répertoriés. Toutes les pièces sont décorées d’une fleur qui semble avoir été l’emblème de la pharmacie. Il a été proposé de reconnaitre un oeillet ou plus récemment le fruit de la grenade au début de sa croissance. 
Il été présenté sur une estimation de 10 000 / 15 000 €.

 
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Un albarello légèrement cintré en majolique de Dérouta à décor polychrome de l’inscription Di A Prunnos dans une banderole au-dessus d’une tête de maure de profil dans un médaillon et surmonté d’un monogramme PAQ, et une double croix, emblème d’apothicairerie ecclésiastique, peut-être de l’atelier de la famille Masci au début sur XVIe siècle a été vendu 58 420 €. Il provenait également de l’Ancienne collection du Dr Chompret. Un albarello de la même série figurait dans la collection du Dr Chompret et reproduit lui, alors attribué à Sienne, dans Répertoire de la majolique italienne, 1949, fig. 863, p. 110.
Ce lot été présenté sous le numéro 17 sur une estimation :  4 000/6 000 €

 
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Un albarello légèrement cintré en faïence de Rouen à décor polychrome d’une tête d’homme de profil dans un entourage de rinceaux feuillagés, filets et rinceaux sur les bords de l’atelier de Masséot Abaquesne vers 1545 a trouvé preneur à 30 480 €
Il provient de l’Ancienne collection du Dr Chompret et porte une étiquette Dr. Chompret au revers.
Cet albarello a figuré dans plusiers exposition dont la rétrospective de la faience française en 1932 au musée des Arts décoratifs de Paris et l’exposition au château d’Ecouen : Masséot Abaquesne : L’Eclat de la faïence à la Renaissance 2017. 
Ce lot été présenté sous le numéro 50 sur une estimation de 10 000/ 12 000€

Cet albarello et la chevrette suivante monogrammée MAB font très certainement partie de la commande passée à Masséot Abaquesne par l’apothicaire rouennais Pierre Dubosc en 1545 de 4152 pots de pharmacie soit 3720 albarelli désignés « potz façon de bouettes » et 432 « potzs façon de chevrettes ».

 
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Une chevrette en faïence de Rouen à décor polychrome d’une tête de femme de profil dans un médaillon cerné d’une guirlande de feuillage et fleurs ; sous l’anse le monogramme MAB de Masséot Abaquesne datée vers 1550 a été acquis 55 880 €. Elle a figuré dans les collections Tumin, et Chompret et a fait lobjet de nombreuses exposition et parutions tel que celle des Trésors de la faïence de Rouen à Rouen en 1952 ou celle de la Faïence française au Grand Palais en 1980 et fut reproduite dans le Répertoire de la faïence française, Rouen, pl. 6 C.
Ce lot était présentée sous le numéro 51 sur une estimation de 8 000 / 10 000 €

 
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Les autres pièces de faïences françaises rencontraient également les succès escomptés comme la chevrette à panse côtelée en faïence de Montpellier à décor polychrome d’un portrait d’un jeune roi de France, peut-être François II, dans un médaillon sous le déversoir et sous l’anse l’inscription S. d Stechade datée vers 1595 qui a été vendue 15 240 €
Deux chevrettes du même ensemble sont conservées au musée national de la céramique, l’une décorée d’un portrait du roi Henri III et l’autre du roi Henri IV. 
Elle été présenté sous le n°52 sur une estimation de 6 000/8 000€

 
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De très belles enchères sont également à noter pour les faïences révolutionnaires de Nevers tel ce saladier à bord contourné à décor polychrome au centre d’un homme debout tenant une ombrelle sur une terrasse surmontant la rare inscription Je suis du tiers-état de la fin du XVIIIe qui a été acquis 7 366 €
Il été présenté sous le numéro 63 sur une estimation de 1 500/2 000€

 
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Concernant les collections de Pierre Jourdan-Barry, un accent méridional était de rigueur lors de la dispersion des pièces garnissant la salle à manger de l’appartement parisien de Pierre Jourdan Barry, bel éventail de la faïence de la ville de Marseille à laquelle il est toute sa vie, resté très attaché 

Bien évidemment, inspirant grandement la scénarisation sous-marine de la salle d’exposition c’est la soupière n°115 qui déchaîna l’assistance et offrit un duel viril mais correct entre un placide collectionneur du Nord de la Loire et un sous enchérisseur à l’accent plus chantant !

Cette terrine couverte en faïence de Marseille du XVIIe siècle, à décor polychrome de groupes de corail, coquillages, langoustes, moules, oursins, rougets, rascasses, branches de groseille, algues et canne à pêche, attribuée à la manufacture de Savy a réjouie un nouveau collectionneur pour 41 910 €. Elle a figuré dans l’ancienne collection Joseph Balas et dans l’ancienne collection Marcel et a été présentée lors de l’exposition rétrospective de la faïence française en 1932 au musée des Arts décoratifs. 
Elle était proposée aux enchères sur une estimation de 10 000/ 15 000€

Parmi les autres belles enchères qui ont aminées la vente de la Collection Pierre Jourdan-Barry nous pouvons citer le très bel exemplaire de la terrine couverte en forme de canard en faïence de Marseille de la Manufacture de Fauchier qui a été acquise 13 970 €
Elle était présentée sous le numéro 89 sur une estimation de 6 000 / 8 000 €

 
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Un très beau plat à décor de poissons toujours en faïence de Marseille et attribué à la manufacture de Savy a été vendu 10 160 €. Il avait figuré dans l’exposition Un collectionneur et mécène marseillais, Faïences provençales et céramiques ottomanes, Marseille, novembre 2006-mars 2007.
Ce plat été présenté sous le numéro 113 sur une estimation de 3 000/ 4 000 €

 
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Notons également une théière couverte de forme globulaire en faïence de Marseille à décor polychrome de bouquets de fleurs et insectes, de la Manufacture de Gaspard Robert qui a été acquise 8 890 € Elle a figuré dans Ancienne collection Théodore Zarifi. Et a été reproduite dans le Répertoire de la Faïence française. 
Ce plat été présenté sous le numéro 131 sur une estimation de 1 500/2 000€

 
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Pour clôturer le compte rendu de cette exceptionnelle vacation, nous ne pouvions pas oublier de mentionner la présence des institutions françaises qui par la voie du Musée Borély de Marseille ont préemptés à 5 715 € un pot à eau couvert et son bassin ovale en faïence de Marseille à décor polychrome de Chinois dans le style de Pillement dans des réserves sur fond brun, attribué à la manufacture de la Veuve Perrin, une forme d’hommage au mécène que fut Monsieur Jourdan-Barry tout au long de sa vie. 

 
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