Sèvres - Lot 244

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Lot n° 244
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Estimation :
15000 - 20000 EUR
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Sèvres - Lot 244
Sèvres Assiette d'échantillon, projet pour le service Arabesque créé pour le roi Louis XVI, à bord contourné, en porcelaine dure, à décor en grisaille au centre d'une figure antique dans un médaillon à fond bleu cerné de motif de parasol, l'aile décorée de trois galons, l'un à fond bleu orné de fleurettes et rinceaux, le deuxième à fond jaune orné d'une frise de grecques en vert, le troisième à fond pourpre orné de fleurettes. Marqué: LL entrelacés, lettre-date EE pour 1782, marque du peintre Nicolas Schradre (actif à Sèvres de 1773 à 1785). XVIIIe siècle, 1782 D. 23,5 cm. Cette assiette d'échantillon de 1782 présente un grand intérêt car, au-delà de ses qualités esthétiques, elle est au point de départ de la conception du Service Arabesque. En 1783, la manufacture de Sèvres commence la production de deux services destinés au roi Louis XVI, chacun dans un style fort différent. L'un, le Service Mythologique, est décoré de scènes mythologiques et de riches dorures sur fond beau bleu. Il est aujourd'hui majoritairement conservé au château de Windsor. L'autre, le Service Arabesque, est décoré dans le style alors nommé arabesque ou étrusque, d'après la décoration des Loges du Vatican réalisée au début du XVIe siècle sous la supervision de Raphaël. Les gravures des Loges du Vatican produites entre 1770 et 1777 sous la direction de Giovanni Volpato et dont Louis XVI possédait une copie en trois volumes dans sa bibliothèque à Versailles vont servir de sources pour ce nouveau service (voir John Whitehead, «The Sevres 'Arabesque' service and the Vatican Loggia engravings», the French Porcelain Society Journal, vol. III, 2007, pp. 151-165). Le comte d'Angiviller, directeur des Bâtiments du Roi, à l'initiative de ce service, fait appel à l'architecte et ingénieur Louis Le Masson pour dessiner les formes «prises sur celles du goût antique le plus sévères et décorées des superbes arabesques de Raphaël». Il souhaite que le «service fasse époque dans la manufacture par sa nouveauté et son éxecution». (voir Yvonne de Guillebon-Le Masson et John Whitehead, Louis Le Masson, François Le Masson, Deux frères architecte et sculpteur, 2022, p. 122 et David Peters, Sèvres plates and services of the 18th century, 2015, p. 111, n°. 95-6). Le 2 février 1783, Jean-Etienne de Montucla, premier commis des Bâtiments du comte d'Angiviller, s'adresse à Régnier, directeur de la manufacture de Sèvres, au sujet du service arabesque, l'empressant de progresser aussi vite que possible car «M. le Comte y prend un vif intérêt et comme vous etes son premier lieutenant, je crois que vous lui ferez beaucoup votre cour en mettant tout le zèle et l'activité dont vous êtes capable pour l'exécution». Il l'informe principalement «du voyage que M. Masson va faire à la manufacture pour y apporter un dessein ou pour mieux dire plusieurs dessins en mosaïque, exécutés sur les divers pans d'une assiette pour le service dont M. le comte a le projet» (Arch, Sèvres, H3, L. 1). Les archives de la manufacture de Sèvres conservent de nombreux dessins préparatoires pour le service arabesque et parmi eux un dessin aquarellé d'une assiette unie présentant trois variantes de bordure. Il pourrait d'agir du dessin en mosaïque dont il est question dans la lettre du 2 février 1783. Notre assiette correspond en tout point à ce dessin, retenant la proposition de bordure située en bas à droite de l'aquarelle, avec un fond pourpre sur le bord et des palmettes en rouge sur le fond bleu. Notre assiette est datée par le peintre Nicolas Schradre avec la lettre-date BB pour 1782. A moins d'une erreur de lettre-date, elle démontre ainsi que les premiers projets ont été initiés dès 1782. Nicolas Schradre travaille à ce moment «aux pièces» chez lui. Un état du service arabesque produit par Régnier le 26 juillet 1783 précise que Schradre a chez luy 7 assiettes plattes et 2 assiettes à potage y comprise les 5 assiettes de model (AN, O 1 , 2060 1 , n° 14). Les pièces du service arabesque terminées à la fin de l'année 1783 seront exposées au Roi à Versailles en janvier 1784. La production du service sera poursuivie jusqu'en 1788 mais il ne sera jamais livré au Roi. Il sera finalement donné en 1795 par le Comité de Salut Public à Karl-August, Freiherr von Hardenberg, ministre d'État de Frédéric-Guillaume II de Prusse, à la suite des négociations et de la signature du traité de Bâle le 5 avril 1795. La taille et la valeur du cadeau (4700 livres) témoignent clairement de la haute estime dans laquelle était tenu M. de Hardenberg. Pour une étude précise du service arabesque voir David Peters, op. cit. , n° 95-6, pp. 1107-1118.
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